31.7.11

Tango Rosa




ROSA, tango, par Jacques Brell

Rosa, rosa, rosam, rosae, rosae, rosa, rosae, rosae, rosas, rosarum, rosis, rosis

C'est le plus vieux tango du monde,
Celui que les têtes blondes
Ânonnent comme une ronde
En apprenant leur latin.
C'est le tango du collège
Qui prend les rêves au piège
Et dont il est sacrilège
De ne pas sortir malin.
C'est le tango des bons pères
Qui surveillent l'oeil sévère
Les Jules et les Prospères
Qui seront la France de demain.

Rosa, rosa, rosam, rosae, rosae, rosa, rosae, rosae, rosas, rosarum, rosis, rosis

C'est le tango des forts en thème,
Boutonneux jusqu'à l'extrême
Et qui recouvrent de laine
Leur coeur qui est déjà froid.
C'est le tango des forts en rien
Qui déclinent de chagrin
Et qui seront pharmaciens
Parce que papa ne l'était pas.
C'est le temps où j'étais dernier
Car ce tango rosa, rosae
J'inclinais à lui préférer
Déjà ma cousine Rosa.

Rosa, rosa, rosam, rosae, rosae, rosa, rosae, rosae, rosas, rosarum, rosis, rosis

C'est le tango des promenades,
Des parcelles sous les arcades
Cerclées de corbeaux et d'alcades
Qui nous protègent des pourquoi.
C'est le tango de la pluie sur la coeur,
Le miroir d'une flaque sans amour,
Qui m'a fait comprendre un beau jour
Que je ne serais pas Vasco de Gamma.
C'est le tango du temps béni
Où pour un baiser trop petit
Dans ma clairière d'un jeudi
A rosi cousine Rosa.

Rosa, rosa, rosam, rosae, rosae, rosa, rosae, rosae, rosas, rosarum, rosis, rosis

C'est le tango du temps des zéros,
J'en avais tant, des minces, des gros,
J'en faisais des tunnels pour Charlot,
Des auréoles pour saint François.
C'est le tango des récompenses
Qui allaient à ceux qui ont la chance
D'apprendre dès leur enfance
Tout ce qui ne leur servira pas.
Mais c'est le tango que l'on regrette
Une fois que le temps s'achète
Et qu'on s'aperçoit tout bête
Qu'il y a des épines Rosa.



La curiosité est l'une de caractéristiques sûres et les plus permanentes d'une intelligence vigoureuse. —S.J.

24.7.11

Caricatures: les grimaces


Louis-Léopold Boilly (1761-1845), Les Grimaces, 1, lithographie, 1824. Une parmi les nombreuses lithographies humoristiques du peintre.
Grimacer est un art. Disparate, feinte ou spontanée, fine ou grossière, acrimonieuse ou affable, la grimace subjugue de sa présence expressive toutes les époques et captive toutes les disciplines artistiques. Couchée sur papier, colorée de pigment, taillée dans le marbre, sculptée dans l’albâtre ou encore fixée sur cliché, elle est envisagée dans tous ses états. Elle peut questionner les rapports entre le moral et le physique, là où les « visages insolents, excessifs ou hors de contrôle son aperçues comme une offense à l’encontre des règles de la beauté idéale » (Martial Guédron, L’art de la grimace, Paris : Hazan, 2011).
Spontanée, la grimace fut aussi perçue comme expression des caractères et des passions, comme l’indice d’une nature humaine à l’image d’un langage « primitif » prompt à trahir une animalité. Simulée ou envisagée du point de vue de l’artiste, de Jean-Jacques Lequeu aux productions photographiques contemporaines en passant par Franz Xaver Messerschmidt, elle rompt avec les canons fixant les représentations du corps. Aussi les caricaturistes de presse en feront- ils un vaste champ d’exploration. Travaillée enfin, la grimace put être perçue comme apparentée à l’hypocrisie sinon à la conspiration (Véronique Fau-Vincenti, « Caricatures », Le monde diplomatique, juillet 2011, p. 25).

Boilly, Les cinq sens, 1823. Lithographie, 21 x 18cm.

Boilly, Une loge, un jour de spectacle gratuit, 1830. 32,5 x 41,7 cm. Musée Lambinet, Versailles

Boilly, Ah! le chic-en-lit, lit, lit, lithographie, 1824

Boilly, Réunion de 35 têtes d'expression. Musée des Beaux-Arts, Tourcoing

Boilly, Les Grimaces, 7

Boilly, Le pouvoir de l'Eloquence, 1824

Boilly, Les Grimaces, 3

Commons
Marinni
Paper Mate
World Historical Comics

10.7.11

Le grand trésor hindou à Trivandrum


Un trésor de plusieurs milliards d'euros découvert sous un temple au Kerala. C'est le plus grand trésor jamais découvert à ce jour, en Inde et dans le monde.

L’or se compterait par quintaux, les diamants par sacs entiers, des pièces d’orfèvrerie d’une valeur indicible seraient enfouies au milieu de monceaux de pierres précieuses… Autant de richesses qui dormaient depuis au moins 1872, oubliées de tous. Parmi les objets les plus remarquables, ont été retrouvés une gerbe de 500 kilos d’or pur, une chaine en or de 5 mètres de long, pesant plus de 10 kilos, un voile brodé de 36 kilos d’or, des couronnes et des bijoux, et une statue de Vishnu de plus d’un mètre de haut, incrustée de diamants et de pierres précieuses. Beaucoup de pièces de monnaie ont été découvertes, dont certaines, françaises, dateraient de l’époque napoléonienne. Des pièces d’or frappées en 1772 ont également été retrouvées (Aujourdhui).


Vishnou Padmanabha, or, 16e siècle
Temple de Padmanabhaswami, Trivandrum (Thiruvananthapuram), Kerala

Des tonnes de pièces d’or et de bijoux, des sacs remplis de diamants, des figurines incrustées d’émeraudes et de rubis, et même un collier en or massif de cinq mètres de long : l’inventaire en cours dans les sous-sols du temple de Padmanabhaswami [Shri Padmanabhaswami à Trivandrum], dans le sud de l’Inde, est en train de mettre à jour un trésor digne d’un véritable conte de fées. [Le temple dédié à Vishnou a été construit par les maharajahs qui dirigeaient le royaume de Travancore à l'époque. Il est resté sous le contrôle de l'ex-famille royale après l'indépendance de l'Inde de la couronne britannique en 1947.] Selon les premières estimations, la valeur de cette incroyable découverte s’élèverait déjà à près de 15 milliards d’euros, soit plus que le budget annuel que consacre l’Inde à l’éducation. Et encore, ce chiffre est probablement sous-évalué puisque «la valeur archéologique n’a pas encore été prise en compte», a précisé C.S. Ranjan, membre de l’équipe chargée de l’inventaire.


Vishnou

Entamées lundi, les fouilles ne sont, par ailleurs, pas encore terminées. Sur les six chambres souterraines de cet édifice dédié au dieu Vishnou, deux restent encore à explorer, dont une qui n’a pas été ouverte depuis cent quarante ans. Le trésor serait d’ailleurs resté dans les ténèbres si un avocat n’avait pas approché la justice en dénonçant la «mauvaise gestion» du site, poussant la Cour suprême à ordonner un inventaire. Contrairement aux autres temples de la région, passés sous contrôle de l’Etat lors de l’indépendance en 1947, Padmanabhaswami est géré par une fondation issue de la famille royale de Travancore, ancien royaume aujourd’hui intégré à l’Etat du Kerala. Selon les historiens, le butin proviendrait non seulement des offrandes faites par les pèlerins au cours des siècles, mais aussi du trésor personnel des maharajas de Travancore. Etroitement liés à l’histoire de ce temple, qu’ils avaient fait construire au XVIe siècle, ceux-ci auraient caché là une partie de leurs biens, afin d’éviter, notamment, qu’ils ne tombent entre les mains des colons anglais.
Bien que la valeur exacte du trésor reste encore à déterminer, Padmanabhaswami a toutes les chances de devenir officiellement le temple le plus riche d’Inde (Pierre Prekash, L’Inde déterre un trésor hindou faramineux, Liberation, France, 9.7.11).

Iconographie
par Mariano Akerman

Vishnou comme Padmanabha. Le dieu repose sur le serpent (Vestige ou Shesha Nâga) et dort en attendant la création. Le lotus symbolise le déploiement de la création, mais aussi la pureté.


Vishnou Padmanabha, peinture. Temple de Padmanabhaswami, Trivandrum


Affiche

Vishnou Padmanabha, sculpture, temple de Munneswaram, Puttalam, Sri Lanka (Leon Meerson)

Vishnou Padmanabha, peinture, 1780-90. The National Museum, New Delhi. La divinité Vishnou s'incline sur la bobine du grand serpent Shesha, tandis que Brahma ressort de son nombril. Lakshmi, épouse de Vishnou, caresse ses pieds avec dévotion.

Vishnou Padmanabha, peinture, c. 1700-50. Banaras Hindu University, Varanasi, Uttar Pradesh, Indie. XVIIIe siècle Vaishnava peinture de Vishnou sur le serpent Shesha Anant avec consort Lakshmi; Brahma émerge dans un lotus du nombril de Vishnou.

Pour savoir plus:
Vishnu en flor
Vishnu Padmanabha