15.10.10

Grands précurseurs des arts en Argentine



Émeric Essex Vidal, Le fort de Buenos Aires, aquarelle, 1816-29

Le musée des Beaux-Arts de Buenos Aires propose une exposition permanente entièrement dédiée à l'art argentin. Au second étage de l’établissement campé à Recoleta, face à la Plaza Francia, il y a une exposition de peintures sur l’Argentine. Celle-ci a le mérite de nous faire à la fois découvrir l’histoire du pays et de suivre, salle après salle, le développements des arts picturaux.
L’exposition démarre dans les années 1850. À partir de 1840, l’Argentine est en pleine construction. Le pays demande de l’aide à la France notamment pour faire venir des architectes, des techniciens et des ingénieurs. C.H. Pelligrini, dont la mère est française, fait partie du cheptel. Mais plutôt que de se consacrer à son métier d'ingénieur, il peint et enseigne des beaux-arts. C’est lui qui enregistre les paysages de la Buenos Aies d’antan, comme le Cabildo et la Plaza de Mayo. Un autre Français, Jean Léon Pallière, s’investit lui dans la peinture « costumbrista », c'est-à-dire, celle qui décrit les mœurs et les habitudes, notamment celles de la campagne. Sa peinture Idylle créole, par exemple, dépeint avec précision les coutumes et les vêtements de la pampa.
À cette époque, la peinture du Rio de la Plata évolue sous l’influence française, mais d'une manière tout à fait originale : les sujets des tableaux sont nettement argentins.*


Charles Henri Pellegrini, Portrait d'une dame, aquarelle, 1831


Pellegrini, Vue de Buenos Aires : Le Cabildo et Place de La Victoria, aquarelle, 1829


César Hipólito Bacle, Colporteurs : Vendeur de bougies, lithographie, 1828


Auguste Raymond Quinsac de Monvoisin, Soldat de Rosas, 1842


Jean-Léon Pallière, Interieur d'une « pulpería »


Pallière, Idylle créole, huile, 1860-1

Costumbrismo. Mot espagnol désignant la littérature et la peinture consacrées à la description des mœurs (costumbres) d'une région, et surtout le genre particulier qui se développa dans la presse vers 1830 et qui enrichit la peinture et le roman narratifs postérieurs. D'abord nettement influencé par les romantiques, le costumbrismo évolue peu à peu vers le réalisme et vers la critique sociale qui dominent, en littérature comme en peinture, la fin du siècle. La première forme du genre présente sur un ton enjoué des scènes ou des personnages idéalisés, rassurants, anodins. La seconde est un moyen de critique sociale et politique. Comme tendance, le costumbrismo entraîne un repli sur soi, un regard tourné vers l'intérieur, aussi bien que sur les coutumes (que découvraient alors avec passion les voyageurs étrangers). En Amérique latine, le costumbrismo donne lieu à une littérature reflétant les réalités locales ou nationales, et plus ou moins étroitement régionaliste. C'est l'Argentin Domingo Faustino Sarmiento (1811-1888) qui a le mieux compris et fait connaître les mœurs et les coutumes typiques de son pays. Parmi les peintres les plus célèbres du costumbrismo, on trouve : Carlos Morel, Jean Léon Pallière, Prilidiano Pueyrredón, Ignacio Manzoni et Ernesto de la Cárcova.


Carlos Morel, La payada (verses et musique en contrepoint) ou Contrepoint à la « pulpería », huile, 1840


Morel, Blanchisseuses, lithographie (détail).


Morel, Portrait de Florencio Escardó, huile, 1840


Adolphe D’Hastrel de Rivedoux, Estanciero (propietaire rural), gouache, 1840


Peintures de Prilidiano Pueyrredón (1823-1870).


Prilidiano Pueyrredón, Une halte à la campagne, huile, 1860


Ignacio Manzoni, Grillade, huile, 1860

* Cf. Le Petit Journal

Liens : Encyclopédie Larousse ; Iconoteca ; 25 Mayo 1810 ; Konex.